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L'Abbé Grégoire, ses relations avec le pouvoir en 1819
Extraits de correspondances adressées à Monsieur Maguin; ces documents soulignent, surtout la lettre du 18 décembre 1821, l'extraordinaire caractère de l'Abbé Grégoire et la fidélité inébranlable en ses engagements. Ses interventions et sa collaboration avec l'Institution Africaine dérangent. Le pouvoir est prêt à tout pour neutraliser l'Abbé Grégoire.
Les autres extraits à des degrés moindre mettent en évidence les interactions d'un lobby "politico-affairiste" où la politique abolitionniste de la Grande-Bretagne en Afrique vient déranger les intérêts économiques Français.
Paris le 18 décembre 1819 |
Quant au sujet de M. Grégoire j'aurois bien des choses curieuses à vous apprendre. Le ministère a tout employé pour obtenir une démission que cet intrépide député regarde comme une lâcheté. Il a été assailli par des gens de tous les partis. M. Lafitte a cru mieux réussir que d'autres grands personnages qui avoient échoué. On sait, lui a t il dit; que vous avez un cur excellent, une âme bonne, et que la plus belle récompense qu'on puisse vous offrir, c'est l'occasion d'être utile aux malheureux . Si l'on feroit un grand sacrifice par exemple, si l'on vous accordoit la rentrée des exilés? (notez qu'on n'en exceptait aucun, ni Fouché, ni Carnot).
Je désire, a répondu M. Grégoire, plus que personne la rentrée de tous les Français proscrits et je regarde comme une calamité la proscription d'un seul individu. Mais ma démission est un acte, et la promesse des ministres la considérez vous comme telle? Entreprendriez vous d'après l'assurance même du Ministère une opération de Banque? Vous devez voir ce qui va suivre samedi 4. Il a été décidé entre les ministériels et les libéraux, ou quelques libéraux, qu'il ne seroit point reçu. Dimanche 5, une réunion de libéraux tenue chez M. Laffite a envoyé une députation de 5 personnes, pour tenter un dernier effort. D'une part le ministre avoit voulu s'épargner une scène où il a fallu lever le masque et de l'autre les libéraux aux considérations auroient désiré s'épargner l'aveu de lâcheté. Les 5 députés étaient MM. D'Argenton, Manuel, Dupont de l'Eure, Martin de Grey et un autre dont le nom m'a échappé. Après une longue conférence. Ces MM. Ont dit que si M. Grégoire consentoit à faire ce sacrifice. Ce seroit en faveur de la Liberté; que leur démarche n'avoit point d'autre motif. Si vous persistez ont-ils ajouté, plusieurs libéraux passeront du côté du ministère et nous n'osons plus assurer qu'ils reviennent à nous pour la discussion qui aura lieu à la présentation du projet de Loi des élections (+) (+)D'après ce que je viens d'entendre, à répondu M. Grégoire, vous semblez craindre de la part des libéraux une foiblesse et pour parler franchement une lâcheté; oui lui a t on dit et bien messieurs a répliqué M. Grégoire j'ai consacré ma vie à la propagation des idées libérales et à la défense des opprimés; j'ai rencontré de grandes résistances qui m'ont valu de nombreuses persécutions me conviendroit-il à moi qui suis resté sur la brèche, de donner au déclin de mes jours et en face de la Nation l'exemple de la lâcheté?
Le soir même, M. D'Argenton y est retourné. Il a épuisé comme tous les autres les efforts de la rhétorique contre cet inébranlable défenseur des droits du peuple.
Comment se fait-il que vous, M. D'Argenton, lui a demandé M. Grégoire, que vous, qui m'avez écrit pour m'engager à ne point donner ma démission, vous veniez aujourd'hui me la demander?
Les circonstances ont changées a dit M. D'Argenton - J'ai traversé a répliqué M. Grégoire 25 ans de Révolution. J'ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même.
Vous ne sauriez croire toutes les manuvres qu'on a employées. On lui a fait dire qu'il serait assassiné s'il se présentait à la Chambre. A quoi il a répondu que c'était une affaire sur laquelle il n'avait point à délibérer. On le feroit sénateur, pair de France et plus encore, s'il vouloit s'y prêter. Mais il a préféré rester M. Grégoire, et il a eu raison. Toute la puissance du Roi ne feroit pas un second Grégoire et il peut fabriquer des pairs par centaines.
Paris le 23 février 1820 |
Ce voyage me sourit davantage d'un jour à l'autre, avec un navire à soi l'on pourrait se procurer à Casamanza en Gambie (30 lieues au nord) dans les établissements Portuguais de Carheo (30 lieues au sud) et de Bissao 90 lieues au Sud) une immense quantité de coton, de cire, dents d'éléphants, peaux. Sans compter les bois de teinture et de marqueterie, l'or qu'on a apporté de l'intérieur avec des esclaves que l'on vend sur la côte en grand nombre .
Il faut absolument quelqu'un d'Europe dans ce pays pour avoir soin du ménage, sans quoi c'est un tourment, ou plutôt un enfer journalier. Il est impossible de compter sur aucun Noir
Paris le 10 juillet 1820 |
"Je n'ai pas besoin de fournir des preuves légales, mais seulement des preuves morales qui puissent persuader les jurés que la Traite s'est faite sous Schmaltz. J'ai écrit de nouveau à M. Clarkson afin qu'il me procure copies des pièces recueillies par l'Institution Africaine qui prouvent l'existence de la Traite au Sénégal. L'Abbé (ndlr: Grégoire) va faire une réponse au rapporteur .
Paris le 23 juillet 1820 |
J'ai écrit à M. Carkson et à M. Wilbersforce par un Anglois que j'ai rencontré chez Sidney Smith J'ai envoyé le triplicata de ma lettre à M. Jackson au sujet de notre affaire
les dernières nouvelles du Sénégal annoncent que tout va de mal en pis. J'ai reçu une chanson faite sur les lieux qui contient un couplet sur les fruits de Dagona. Le Dumel, souverain de la côte depuis le Sénégal jusqu'au de là de Gorée, nous a déclaré la guerre, il y a longtems que j'avois prédis cet événement dans un journal en ajoutant qu'il obligeroit le roi Brack notre seul allié à tourner ses armes contre nous .
Paris 17 août 1820 |
Nous avons fait avec l'Abbé(ndlr: Grégoire) une réponse à M. C. (ndlr: Clarke) que je vous enverrai au 1er jour. Je serai bien aise de savoir ce que vous en pensez .
Paris le 8 octobre 1820 |
J'ai vu M. Zachary Macaulay un des vice-présidents de l'Institution Africaine, qui est venu, je pense, comme M. Clarkson pour une mission particulière relative à la traite. J'ai appris que l'on discute en ce moment d'un projet de loi répressive contre ce commerce que votre ministère se propose de présenter à la session prochaine. Il ne croit pas qu'on me poursuive, parce que notre ministère se trouve assez compromis vis-à-vis de l'Angleterre par la manière gauche dont le ministre de la marine a pris mon affaire. Dans tous les cas j'aurai des pièces légales de l'Institution Africaine. Je lui ai parlé de ma colonie en lui demandant s'il croyait difficile d'obtenir du gouvernement Anglois la promesse d'être considéré comme neutre en cas de guerre avec la France. Il pense que cela ne souffrira aucune difficulté; je dois lui faire passer un prospectus imprimé, et il en parlera à M. Wilberforce et M. Castelreagh. Mais il m'a dit que je traiterois cela plus particulièrement avec M. Mackarthy gouverneur actuel de Sierra Leone qui va venir incessamment à Paris
Paris 10 mars 1821 |
quoiqu'il en soit le ministre se trouve embarrassé au sujet de la traite à cause de l'intervention Angloise. L'institution l'accuse directement dans son 14e rapport. Elle a publié ensuite un mémorandum au sujet de ma 1ère pétition et de la lettre de l'Abbé (ndlr: Grégoire) dans lequel le ministre, le commissaire Mackau et le gouvernement Français sont mal traités. M. Smith a fait une motion à Londres dans la chambre des communes pour demander au gouvernement communication de toutes les pièces relatives à la Traite. Elles seront accordées et imprimées. Je pense que ma pétition n'est pas ( ) à les tirer d'embarras (il est tel que le ministre doit penser à être plus circonspect que l'an dernier s'il veut conserver sa place). M. Mackarthy trouve ma pétition un peu verte mais cependant assez bonne vous m'en direz votre avis. Je la ferai imprimer aux frais de la société .
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