NOTICE
SUR LES PREMIERS ÉTABLISSEMENTS,
Les progrès et létat actuel
DU CATHOLICISME AUX ETATS-UNIS.
Editors note : published in 1851 - underlined red text indicates a section which seems important to us
Trois races naturellement distinctes, pour ne pas dire ennemies, peuplent le territoire des Etats-Unis: l'Américain élevé dans la civilisation, l'Indien placé aux limites extrêmes de l'indépendance, et le Nègre tombé au dernier degré de la servitude. Chacune d'elles poursuit a part sa destinée, séparée qu'elle est des autres par l'origine, l'éducation, la loi, et jusqu'à la couleur. Entre les Blancs, les Peaux-Rouges et les Noirs la distinction est encore aussi profonde, même après un contact de plusieurs siècles, que celle des castes dans lInde. Placé en conquérant ou en maître entre les sauvages au Nord, et les esclaves au Sud, l'Américain tient les premiers au bout, de sa carabine, les seconds au bout de leur chaîne; c'est jusqu'ici le seul trait d'union sociale qui les rapproche. Heureusement pour tous la Religion en connaît un autre, la croix qui leur apprend à s'aimer. Mère commune (le tous ces enfants qui ont au ciel un même Père, elle franchit les barrières qui les parquent dans leurs préjugés et leur haine, se prodigue à tous sans acception de peuples policés ou barbares, et confond dans les embrassements de sa charité ces membres divisés d'une même famille, étonnés de se rencontrer au pied du même autel, dans l'adoration du même Dieu, dans l'espérance d'un égal et suprême avenir. Nous avons dit ce que le catholicisme a déjà accompli au milieu des Blancs; il nous reste à voir ce qu'il a fait pour les Nègres et les Indiens.
Black men and slavery
Le recensement officiel de 1850 porte à 3,206,425 le nombre des esclaves, et à 224,318 celui des hommes libres de couleur dans les Etats du Sud, sur un total de 9,699,472 habitants. Comparé au chiffre de 1840, c'est un accroissement de 692,476 esclaves. Cette partie de la population a gagné 22 pour 100 pendant les dix dernières années. Quant à la race affranchie, elle continue de dépérir et semble menacée d'une extinction plus ou moins prochaine.
Séparé de lAfrique qu'il regrette toujours, bien qu'elle l'ait vendu, répudié par la société de ses maîtres, qui le voit multiplier dans son sein comme une source de richesse et d'effroi, le Nègre reste isolé entre les deux peuples, également déshérité de sa patrie, de lui-même, de ses enfants qui entrent en même temps dans la servitude et dans la vie, et du sol qu'il exploite sans y avoir même obtenu droit au cimetière commun. Vînt-il à s'affranchir, il serait encore en butte à la tyrannie des lois et à l'intolérance des moeurs, qui poursuivent en lui jusqu'au souvenir de l'esclavage. Dans cet état d'universelle exclusion, on dit que son âme sest abaissée au niveau de sa misère, et on semb1e craindre que l'instruction ne vienne aggraver ses maux en lui en montrant l'étendue. A une autre époque, sa conversion rencontrait un double obstacle celui qu'opposait l'esclave, et celui qui venait du maître car celui-ci ne pouvait alors refuser aux Noirs baptisés le repos des jours de fête, ni méconnaître absolument en eux le caractère des chrétiens.
Mais alors comme aujourd'hui l'Eglise, qui avait détruit la servitude en Europe, ne la laissait pas sans consolations au Nouveau-Monde. " Jésus-Christ, écrivait Paul III en 1537, ne veut pas de distinction entre peuple et peuple ; mais il veut que la lumière soit portée à tous, parce que tous sont capables de la recevoir.... Cependant, des hommes pleins d'une honteuse cupidité ont servi d'instrument à la malice de Satan, pour empêcher , si cela était possible que l'Eglise reçût dans son sein les gens (le l'Orient et de l'Occident , que nous avons connus depuis peu. Tous les Indiens, selon ces artisans de mensonge, ne doivent être regardés et traités que comme un bétail sans raison , et réduits en esclavage.... Or dans le poste où la divine miséricorde nous a placé, nous ne négligerons rien pour faire entrer dans le bercail du bon Pasteur toutes les brebis de son troupeau. Et comme elles sont toutes confiées à nos soins, il nous appartient d'en prendre la défense.... En conséquence, nous invitons tous les fidèles qui sont en relation avec les Indiens et autres populations, à les attirer et les appeler à la foi catholique. Ce que les uns peuvent faire par le ministère de la prédication, d'autres le peuvent par des instructions familières, et tous par l'exemple (1). Ces accents du Pontife romain se sont reproduits dans la bouche de ses successeurs jusqu'à Grégoire XVI, qui a réprouvé, de son autorité apostolique, la traite des Noirs comme indigne du nom chrétien "(2).
Dociles à ces inspirations de la charité, les Missionnaires ne cessèrent jamais d'intervenir en faveur des esclaves, et de se vouer, quand ils ne purent faire davantage, à soulager leurs souffrances. Parmi ces religieux amis des Noirs, on aime à citer le nom du Père jésuite Claver, qui s'était imposé ce ministère par un voeu, et avait signé en faisant profession :
" Pierre, esclave des Nègres pour toujours ". Dès qu'un bâtiment arrivait, il accourait avec du biscuit et de l'eau-de-vie, baptisait les enfants nés pendant la traversée, secourait les malades ; et, amenant avec lui d'autres nègres, déjà convertis, il s'en servait comme d'interprètes pour s'insinuer dans ces âmes ulcérées par le malheur. Il ne les abandonnait pas davantage dans leurs misérables gîtes. Dressant l'autel au milieu de cette atmosphère fétide, il faisait entendre des paroles d'amour et de pardon à des gens qui ne respiraient que le désespoir et la vengeance, et les réconciliait avec leur sort, en leur annonçant que l'esclavage pouvait être pour eux l'acheminement à une liberté céleste.
De nos jours, le missionnaire américain accomplit la même tâche, celle d'adoucir la sévérité du maître et de rendre l'esclave meilleur, tout en évitant de se heurter au mur de séparation que le temps a élevé entre les deux classes. Dans l'intérêt même de ceux qui servent, l'Eglise catholique a dû se conformer aux Coutumes et aux lois de ceux qui dominent, et bien qu'elle étende indistinctement sur eux comme sur des enfants chéris toute sa sollicitude maternelle, elle se gare avec soin des écueils où pourraient l'entraîner une conduite indiscrète et un zèle imprudent. Ainsi, dans l'église, à la table sainte, au tribunal de la pénitence, aux fonts sacrés, et aux prédications, elle admet tous les fidèles, sans distinction d'esclaves et de libres, de noirs et de blancs. Mais elle a des écoles à part pour le nègre, des collèges distincts pour les: personnes de couleur qui recherchent l'instruction, des communautés spéciales pour celles qui auraient vocation à l'état religieux. C'était tout ce qu'on pouvait faire; car essayer de placer, dans ces établissements, l'affranchi à côté de celui qui fut son maître, eût été, aussi imprudent qu'impossible (3).
A la Nouvelle-Orléans, des Soeurs de N. D. du Mont-Carmel se dévouent à l'éducation des filles de couleur; elles reçoivent des pensionnaires, et leurs écoles sont fréquentées par un grand nombre d'externes. Baltimore possède une communauté de filles noires, connues sous le nom de Soeurs de la Providence. Elles se consacrent à Dieu par les voeux de religion, observent une règle monastique, édifient toute la ville par leur conduite exemplaire, et dirigent avec succès l'éducation des enfants de leur sexe et de leur classe (4). Pouvait-il se concevoir un plus beau spectacle que celui de ces humbles Négresses, élevées au rang des chastes épouses de Jésus-Christ, transformées à leur tour en instrument de civilisation, et faisant descendre sur la jeunesse de leur peuple dédaigné la lumière et la vertu qu'elles ont reçues de la foi!
Pendant que le catholicisme s'occupe à guérir au Nouveau-Monde les maux de l'esclavage, ses prêtres vont essayer de le tarir à sa source, en évangélisant la race nègre dans ses propres foyers. D'importantes missions se fondent et prospèrent sur les côtes de l'Afrique occidentale; des prêtres noirs, ordonnés à Paris, ont repris le chemin du Sénégal, leur Patrie, pleins d'ardeur pour la conversion de leurs frères : ils ont été reçus en triomphe. Ces misérables tribus semblent avoir éprouvé quelque sentiment de la dignité humaine, en voyant leurs enfants revêtus du sacerdoce chrétien, Déjà la Guinée possède deux Evêques qu'elle entoure de sa vénération; des églises, (les écoles, des croix, tous ces instruments de pieuse conquête, s'élèvent et s'affermissent sur le sol africain. Vienne le triomphe de l'Evangile dans ces contrées, et la traite en aura disparu ; une fois le Niger devenu chrétien, le Mississippi n'aura plus d'esclaves.
summary or consideration about Indians in 1851
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